Ecovert

A notre arrivée, Bruno prend le temps de nous faire le tour du propriétaire, et nous comprenons rapidement qu'il est passionné. Son objectif est de réduire au maximum sa consommation d'énergies non renouvelables. De quelle manière ? Eh bien, en produisant lui-même (de la manière la plus raisonnée possible) une partie de l'énergie qu'il consomme pour ses besoins quotidiens. Concrètement, il réfléchit en une sorte de langage écologique-pratico-pratique (quelles sont mes dépenses énergétiques et donc quels sont mes besoins ?), il invente et crée les outils imaginés (comment faire, comment construire facile et accessible en terme de prix ?) et il partage ensuite ses connaissances (accueil de personnes, manuels explicatifs et étapes de constructions disponibles en open-source sur leur site internet : cliquer-ici pour vous inspirez !). Ainsi, Bruno a mis sa formation technique au profit de l'écologie et quand il transmet ses connaissances, il parle en toute simplicité des principes de physique-chimie, alliant résistance des matériaux et mécanique des fluides, en passant par les ondes infrarouges ! Au contact de Bruno, la physique-chimie prend tout d'un coup sens pour Margaux et relève même du bon-sens...! C'est le problème des passionnés... mais, rassurez-vous, on adore ce genre de problème ! 

Afin que vous vous rendiez compte de toute l'importance de ce qui est fait en terme d'économie et d'écologie (autrement dit "d'écolonomie") sur le site d'écovert, nous avons essayé de faire une liste des inventions, innovations, améliorations ingénieuses (ou tout simplement évidentes) qui nous ont marqué durant notre séjour. De part la concentration dans un même lieu de toutes ces solutions, les économies d'énergies réalisées sont importantes, on tend vers une autonomie énergétique, on fait attention à la planète, et on fait des économies !

Et voici venir, le cuiseur solaire ! Un cuiseur solaire est une grande parabole qui renvoie et concentre les rayons du soleil en un point précis nommé le foyer. A l'aide d'un petit cadran solaire, on oriente (et ajuste régulièrement) la position de la parabole face au soleil. Il suffit de placer la marmite au cœur du foyer et d'attendre... que ça cuise ! Le temps de cuisson varie en fonction de l'intensité des rayons du soleil, et donc de l'heure de la journée, et des mois de l'année. Il est donc difficile de faire cuire sa marmite de légume en pleine nuit. Cependant, entre 11h et 15h, peut importe la saison, la cuisson demande le même temps qu'une cuisonière normale, mais consomme zéro énergie ! (exemple concret : pour cuire votre pain de 1.5 kg = 1 heure de cuisson 100% solaire)

Et maintenant, la cocotte norvégienne : La cocotte norvégienne n'est autre qu'une grosse boite ultra isolée en laine de bois compactée. Elle permet de préserver au maximum et sur la durée la température d'un plat. Pratique pour maintenir au chaud après cuisson, elle est surtout utilisée en combinaison du cuiseur solaire : une fois la chaleur initiale fournie par le cuiseur, on place la marmite dans la cocotte afin que la cuisson continue, libérant ainsi le cuiseur pour un second plat. En alternant l'un puis l'autre, vous avez tout ce qu'il vous faut pour cuisiner un repas entier ! Cédric, le permanent en charge de la cuisine du midi, réalisait des repas (délicieux, vous vous en doutez, mais ce n'est pas le propos !) pour au moins 10 personnes en grande majorité avec cela !

 

On applaudit le stérilisateur !  A écovert, le stérilisateur est fort utilisé l'été. Il permet de stériliser les bocaux de fruits et légumes produits en été afin de pouvoir en profiter tout le reste de l'année. Pour stériliser, il faut monter à haute température durant un certain temps. Par soucis d'économie d'énergie, aussi bien électrique (ici non utilisée) mais également par économie de bois, Bruno a mis sur pied un stérilisateur ultra économique. Il utilise le principe de double combustion, c'est à dire la combustion des fumées émises par la combustion du bois. Double combustion = deux fois plus d'énergie avec le même apport de matière première. Bien entendu, l'ensemble est isolé en terre afin de limiter les pertes. Clap clap clap !

Regardez bien au centre, il est : allumé le feu ! Allumé, le feuuu !

Le spectacle continue avec l'éolienne (construite maison, of course!) Dans le champs à l'entrée du lieu, une Eolienne Piggott, entièrement auto-construite avec l'aide de  l'association Tripalium, est installée sur un mât de 24 mètres de haut. D'un diamètre de 3.60 mètres, elle injecte sa production en électricité dans le réseau et contribue ainsi à la consommation électrique du lieu.

Et c'est pas fini ! Le séchoir solaire, la serre bioclimatique et le chauffe-eau solaire : Là encore, on fait travailler le soleil à notre place et sans apport d'énergie. Quelques planches de bois, quelques grilles en métal, et une orientation optimale face au soleil vous permettent d'avoir une température optimale le plus longtemps possible dans l'année pour votre serre-pépinière, et de sécher vos fruits rapidement pour une conservation tout l'hiver ! En ce qui concerne le chauffe-eau, on met dans une position optimale d'exposition au soleil deux cumulus peints en noir, dans un caisson dont la face exposée au soleil est translucide, le reste étant hyper isolé ... et le tour est joué !

A gauche le chauffe-eau, à droite le séchoir solaire, et en fond, la serre bioclimatique!

Pour terminer cette liste non-exhausitve et sur un autre registre : la forêt nourricière ! Un des projets lancé il y a quelques années sur le site est une "foret nourricière", ou un "jardin foret". La finalité est d'obtenir dans quelques années une grande zone où le seul geste humain nécessaire sera de venir se servir, simplement en plantant des arbres fruitiers en grand nombre, combinés avec des plantes choisies, des arbres protecteurs, des arbres mellifères (qui produisent beaucoup de pollen) et des arbustes... En plus de ce verger, il existe déjà plusieurs jardins potagers sur le site, suivant des principes inspirés de la permaculture.

 

Pour ne pas vous faire lire un pavé de 40 pages supplémentaires, nous ne détaillerons pas le gite éco-auto-construit et autonome, la tente végétale, la douche extérieure, le méthaniseur, le poulailler, la centrale thermo-ecolonomique... mais vous vous doutez bien qu'il y a beaucoup à en dire !!!

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Nous ne vous avons pas encore présenté Anne. Dans un autre domaine, Anne, la femme de Bruno, partage tout aussi généreusement.  D'après elle, l'éducation de l'enfant a un rôle majeur à jouer dans le bien-être de la personne. Elle serait du même avis que Frédérik Douglass (écrivain américain, né esclave, 1818-1895), à savoir qu'il "est plus facile de construire des enfants solides que de réparer des adultes brisés". 

La scolarisation de leur premier fils se passant mal, Bruno et Anne ont décidé de le déscolariser et de s'en occuper à la maison (terme officiel : "intruction en famille"), malgré les nombreux avis contraires. Les deux cadets suivirent la même voie, mais entre-temps, avec d'autres parents, ils ont monté une petite classe Montessori auto-gérée. Le fonctionnement est le suivant : plusieurs parents se sont formés à l'enseignement Montessori et chaque parent enseigne à tour de rôle une demie-journée ou une journée. Ainsi, les parents peuvent conserver une activité professionnelle à l'extérieur tout en s'impliquant dans l'éducation de leur enfant. D'après l'expérience de nos généreux hôtes, le système essaye de faire croire aux parents qu'ils ne sont pas capables ni même légitimes à s'occuper entièrement de l'éducation de leur enfant. Le sourire au coeur, Anne démontre le contraire, explications à l'appui, et les enfants ont en effet l'air d'avoir des bases solides. Tant dans les apprentissages que, surtout, dans leur équilibre et leur confiance en eux. 

Bon, ces présentations sont un peu réductrices de l'un comme de l'autre, car ils sont tous deux bien plus que des connaissances incarnées...

Pendant notre séjour là-bas, en plus de la famille hôte, il y a deux permanents (Amandine, qui était sur le départ après 4 ans de bons et loyaux services, et Cédric, le chef cuisto par excellence, arrivé il y a un an), un passager de longue durée (Thomas, qui dormait sur place depuis plusieurs mois) et deux wwoofeurs (Martina et Julien, qui resteront en tout 1 mois au lieu des 15 jours prévus initialement). Sur notre dernier jour, nous rencontrons également Alice, une ancienne wwoofeuse qui revient régulièrement sur le site. Et, oui, à Ecovert, nous savons la date d'arrivée, mais il est très fréquent de repousser la date du départ... ou d'y revenir ! Sur nos 10 jours initialement prévus (devenus deux semaines...), nous aurons plus particulièrement l'occasion de travailler entre wwoofeurs (avec la supervision de Bruno) sur un chantier d'éco-construction de toilettes sèches presque "Hi-Tech".

Au fur et à mesure du chantier, nous comprenons qu'en tant que wwoofeurs, nous bénéficions, nous aussi, des principes de l'éducation Montessori :

- le grand objectif est proposé par Bruno ... qui s'en va presqu'aussitôt pour que ;

- les wwoofeurs réfléchissent ensemble sur comment réaliser la chose,

- quand il y a besoin d'aide nous pouvons demander à Bruno (le référent... of course!), qui donne un sous-objectif plus concret ... et ;

- les wwoofeurs réfléchissent de nouveau ensemble à cet objectif pour le rendre concret, puis construisent effectivement le concret avec les matério (bois/paille/tôle/...), et retournent vers Bruno qui, dans un regard plein de douceur et sourire bienveillant, dit : "c'est une autre manière de faire" (comprenez : "moi, je n'aurais pas fait comme ça parce que..."). En réfléchissant tous ensemble, soit nous validons notre travail soit nous concluons s'il est nécessaire de s'y prendre différement (pour que ça tienne dans la durée, pour que ça soit mieux isolé, pour que..., pour que....) et nous réessayons différemment. L'essai étant alors toujours constructif, même s'il n'est pas "le plus optimal" ! Soyons honnête, avant d'apprécier vraiment cette méthode d'accompagnement, elle nous a d'abord un peu destabilisée. Nous avons depuis des années pris l'habitude que les choses aillent vite, mais ici... ce n'est pas la rapidité qui est recherchée, mais la démarche ! Après coup, nous validons : nous pensons que la leçon est bien apprise (pas seulement pour l'interro de demain! ;-D ). 

Julien, Martina et Cyrille qui réfléchissent fort (pour la photo!)

Les toilettes sèches Hi-tech ! La fonction première des toilettes sèches est simple : ce sont des toilettes ! Mais là où ça devient intéressant, c'est que, contrairement aux toilettes classiques qui gaspillent des ressources (10 litres d'eau potable par chasse d'eau), les toilettes sèches fournissent plusieurs kilos de matière fertile par semaine, idéale pour les potagers ! Un des inconvénients de ces toilettes est la manipulation de matières fécales fraiches à une fréquence qui peut devenir dérangeante. Là où nos toilettes sont ingénieuses (je dis nos, car même si elles ont été pensées par Bruno, on y a mis la main à la planche durant 15 jours), c'est grâce à sa grande capacité de stockage, en deux bacs distincts. Lorsque l'un est en cours de remplissage, l'autre est en cours de compostage. Il n'y a plus qu'à venir chercher une fois par mois le tas de compost à la brouette, et le tour est joué ! Afin de limiter au maximum les odeurs et de favoriser le compostage, un système de ventilation est intégré. Oubliez la soufflerie ou le ventilateur, ici, c'est le soleil qui aspire ! Pour ce faire, on installe des doubles parois, la première transparente afin de laisser passer les rayons du soleil, la seconde en métal (peinte en noir) afin de chauffer par infrarouge l'air présent entre ces parois. L'effet de rayonnement est amplifié par l'application de papier d'aluminium sur la dernière parois, renvoyant ainsi le rayonnement infrarouge dans la zone de chauffe. Ces zones de chauffes se trouvent sur les murs et sur le toit, exposées au soleil du matin au soir. L'air chaud ayant naturellement tendance à monter, il crée un vide qui entraine l'aspiration à travers les conduits de l'air des bacs à compost. Pas d'odeurs, ventilation naturelle. Pas mal, non ?! Structurellement, cela se traduit par une base en brique (enrobées de béton), un planché avec deux trappes, une ossature en litteaux et planches de coffrage, une isolation en laine de bois et paille, un peu d'OSB, un peu de contreplaqué, quelques tôles et du grillage et un enduit terre-paille.

Ajoutez au tout que les wwoofeurs travaillent selon leur motivation (et donc à leur rythme) : nous avons aussi un peu coupé des fruits, fait des confitures, stérilisé les bocaux, construit du matériel Montessori, on s'est occupé des chatons (enfin, surtout Martina et Margaux), etc... et, aussi, nous avons profité : baignade à la rivière, baignade et pique-nique à la plage, achat d'un pantalon à la "maison du coeur", soirée à la ferme Haricot, massage gratuit par Alice (qui est en formation et doit s'entraîner! Miam miam et merci encore!) concert techno méga-privé (merci à DJ Cédric !) et concert moins privé mais tout aussi intime de Fantazio et Bancal Chéri (et encore merci à Cédric!). 

La "Maison du Coeur" mérite un petit paragraphe sur elle.Il s'agit d'un petit magasin tenu par une équipe de bénévoles. L'équipe récupère objets (DVDs, vaisselles, jeux pour enfants...) et vêtements que les gens donnent ou jettent, et elle les remet en vente dans le magasin pour une modique somme de 0.50 à 3 euros maximum. En général, tout vêtement est à 1 euro. L'argent récolté permet l'achat de nourriture pour les personnes les plus démunies.

 

La Maison du coeur !

Après de nombreux et difficiles aurevoirs, nous prenons la direction du Lubéron ! ... C'est le moment pour nous de savoir si vous suivez... Car, oui, ce sera bien la deuxième fois que nous y allons ! Cette fois-ci, nous y retrouverons Galou et Grég, deux amis lillois en vacances ! Nous vous raconterons tout ça dans le prochain article ! 

Alors, à bientôt !

Merci Julien pour cette photo ! :)