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Il était une loi...

La chaleur, l'alarme de Gaëlle, notre super pote retrouvée sur Apt, et ... voilà. Bonne lecture !

Saignon

Une jambe mouillée, une jambe encore sèche, assise à cheval sur le bord de la fontaine du village. Transgresserait-elle la loi une seconde fois ? Elle ne comprenait pas comment s'était fondée une telle règle. Quel était le risque pour elle ou pour les autres? Elle ne se sentait ni coupable, ni en danger, et décida de plonger le deuxième pied. Ummm, c'était tellement agréable ! Les pieds au frais, elle pensait à toutes ces personnes qui osaient transgresser des lois plus punissables ... à ceux qui résister, en accord avec leurs valeurs, en se mettant en danger. Réellement en danger, genre plus qu'un regard désapprobateur du gendarme, ou, au pire du pire qu'elle connaissait : une amende pour excès de vitesse.

            Le soleil, encore haut dans le ciel, redescendait tranquillement du zénith. Un vent, traître, rafraîchissait. Elle se détendait, justement parce qu'elle avait été prévoyante ! Sa peau blanche ne serait pas victime cette fois-ci, l'alarme de son portable était son garde-fou. Dans quelques minutes, elle se badigeonnerait de crème solaire. A l'école, on lui avait appris à obéir. Mais, elle avait rencontré cet homme dégarni du crâne mais à la barbe longue, au large sourire mais à la cicatrice voyante; un profil à la fois paisible et inquiétant. Cet homme l'avait perturbé physiquement, mais plus encore par ses paroles. Elle se savait bonne citoyenne, elle se pensait réfléchie. Mais ça, c'était avant. D'un sourire de compassion, elle se souriait à elle-même. C'était une erreur, mais pas une faute.

            L'homme lui avait dit : "Ne penses-tu pas rassurant et bon que certaines agriculteurs utilisent, malgré la loi, des semences anciennes et naturelles, plutôt que des semences hybrides obligatoires, toutes identiques ?"

            Après cette phrase, elle s'était rendue compte qu'elle oubliait de regarder sur les côtés, elle filait droit. Elle souriait depuis la fontaine. Il venait de remettre en question une bonne partie de son éducation. Dorénavant, elle se posait la question de la légitimité d'une règle. Si une société est malade, est-il sain d'en suivre chaque loi ? C'était comme une désobéissance réfléchie que de mettre ses pieds dans l'eau. Par cette action, elle était certes prise d'une sensation agréable mais, en toute conscience, elle se sentait libre.

            Liberté, liberté chérie. Elle venait de décider que sa conscience et ses valeurs seraient ses meilleurs alliés dans les décisions à venir. Elle ne laisserait plus les autres choisir pour elle. L'alarme sonna. Elle était d'accord avec la règle : elle souriait en étalant sa crème solaire.

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